C’est à Croix, périphérie huppée de Roubaix, que les élèves du Collège Lucie Aubrac ont découvert une Villa riche en histoire. La Villa Cavrois était prédestinée à une existence hors du commun avant même sa construction : commandée par le riche industriel Paul Cavrois à l’architecte avant-gardiste Robert Mallet-Stevens, la maison n’a que peu connu la paix. Retour sur le passé mouvementé de la Villa Cavrois.
Un peu d’Histoire :
Inaugurée en 1932, la Villa Cavrois est l’oeuvre de l’architecte Mallet-Stevens qui, sous les demandes de Paul Cavrois, adopta un style suivant le mouvement moderne. C’est une première pour l’époque très conservatrice. En effet, les Cavrois, riche famille de l’industrie textile, souhaitaient s’établir loin des pollutions de la ville, dans un confort et une modernité jusque-là inconnus.
Pour atteindre ces objectifs, Mallet-Stevens dessina une Villa de plus de 2800 mètres carrés (habitables et en terrasses), habillée de matériaux nobles et aux volumes impressionnants. Tout y est pensé pour répondre aux exigences de confort de la famille : aucun éclairage n’est direct (des voutes dans les plafonds permettent de redistribuer plus paisiblement la lumière), les couleurs sont étudiées selon l’utilité des pièces (du bleu, la couleur du calme, pour les chambres des enfants)…
La géométrie des lignes de la Villa lui attribue de multiples comparaisons : « Le Chateau Moderne », « Le paquebot »… Ces lignes sont également prolongées dans le jardin, qui est minutieusement découpé de chemins droits rappelant les façades de la Villa. Si tout dans la conception de la Villa rappelait paix et perfection, son existence fut tout autre.
Une visite surprenante :
Ce à quoi les élèves ne s’attendaient pas, c’est découvrir une Villa presque vide de meubles ! Et quelle surprise lors de l’entrée dans la chambre des garçons, où les murs sont arrachés, bruts et en briques cassées, avec tuyaux et isolations apparents… La raison ? La Villa Cavrois est en réalité en voie de rénovation depuis 2001.
Après la mort de leurs parents, les enfants Cavrois ne souhaitaient pas conserver la maison de famille. Elle fut donc vendue à un puissant promoteur immobilier qui comptait la détruire. S’en suivit une guerre, de plus de 15 ans, entre le nouveau propriétaire et les défenseurs du patrimoine régional… Pendant laquelle squatteurs, pilleurs et autres destructeurs transformèrent la Villa jusqu’à ne plus la reconnaître.
Après plus de 23 millions d’euros de travaux et de recherches, la Villa reprend des couleurs. Les murs et les décors sont reconstitués à partir de photographies ou des écrits de Mallet-Stevens. Certains meubles d’origine ont été retrouvés, d’autres sont encore cherchés ou répliqués. Pour montrer l’ampleur des travaux et les progrès réalisés par les équipes, la chambre des garçons a été conservée telle qu’elle a été retrouvée après le rachat par l’État en 2001. Un film au sous sol de la Villa montre également le reste des rénovations pour une compréhension plus approfondie de l’ampleur des travaux.
La réaction des collégiens :
La visite s’est faite dans un silence inhabituel qui témoignait de l’intérêt des jeunes pour l’histoire unique de la Villa et ses décors hors du commun. Après la visite guidée, nous avons pu visiter librement le reste de la Villa et ses jardins. Ce temps libre a permis aux collégiens de poser leurs questions et interrogations, avant de partir jouer dans les jardins.
Comme les pelouses étaient interdites, le défi était de courir sur les chemins sans jamais déborder sur l’herbe intacte. Heureusement pour tous, aucun perdant n’est à déclarer et la pelouse restera verte encore longtemps. Un joli moment de partage avant la fin de la visite et le début du goûter dans le Parc Barbieux, à quelques minutes de la Villa pour clôturer la journée.