“Les calottes sont cuites”, “2050: winter is coming”, “T’es bonne sans carbone”,… Les slogans créatifs ne manquent pas lorsque les étudiants descendent dans la rue pour faire entendre leurs voix. Inquiets et pessimistes face à leur avenir dans un monde où les catastrophes climatiques se multiplient, ils sèchent les cours pour manifester contre l’immobilisme des gouvernements.
Mais comment en est-on arrivé là ?
Retournons en août 2018. Depuis plusieurs mois, de violents feux de forêts font rage en Suède où les températures atteignent un record historique. Partout en Europe, la chaleur étouffante et les températures extrêmes éveillent la conscience de ceux qui pensent toujours que le changement climatique c’est pour les autres.
C’est dans cette atmosphère explosive que naît le mouvement de mobilisation étudiante qui a, en quelque mois, embrasé la jeunesse du monde entier. Tout commence lorsque Greta Thunberg, jeune militante écologiste, décide de prendre les devants. Du haut de ses 15 ans, elle lance la première grève scolaire pour le climat le 20 août 2018, devant le Parlement suédois, expliquant aux journalistes qu’elle ne retournera pas en cours avant les élections législatives prévues début septembre. Elle revendique la réduction des émissions de CO2 conformément à l’accord de Paris signé par la Suède en 2016.
Et après ? Comment le mouvement a-t-il évolué ?
Une fois les élections passées, Greta Thunberg refuse de relâcher la pression sur un gouvernement qui reste muet et passif alors que l’enjeu est imminent. Elle continue donc à manifester sur la place tous les vendredis et fonde le mouvement Friday for future. Largement relayée par les médias, son initiative attire de plus en plus la curiosité et l’admiration de la jeunesse du monde entier.
En décembre 2018, plus de 20 000 étudiants participent à des grèves dans au moins 270 villes d’Europe, d’Amérique et d’Asie. Alors que Greta Thunberg multiplie ses interventions devant les journalistes ou institutions, Friday for future enchaîne les événements comptant chaque fois plus de participants. L’apogée est atteint lors de la mobilisation internationale du 20 septembre 2019 où 2 millions de personnes marchent pour le climat.
Quelles furent les conséquences de ces manifestations ?
Le sentiment partagé par les étudiants semble d’abord être celui de l’incompréhension voire du mépris de la part des adultes. En effet, une vague de critiques constituée de commentaires constructifs comme d’accusations injurieuses, s’est déchaînée à l’encontre de la très controversée Greta Thunberg. Certains l’accusent d’être trop radicale, trop pessimiste, trop clivante tandis que d’autres la croient endoctrinée ou manipulée. Cette prétendue « rupture générationnelle », souvent mentionnée dans les médias est repassée sur le devant de la scène à la suite du phénomène “OK boomer” largement ressassé par les réseaux sociaux. Cette formule lapidaire, décochée par la jeune députée néo-zélandaise Chlöe Swarbrick lorsqu’un de ses collègues plus âgé a hué son discours sur le réchauffement climatique, démontre une fois de plus les moqueries auxquelles les jeunes font face du fait de leur mobilisation pour l’environnement.
Cependant, malgré ses échecs apparents, cette lutte contribue à placer la question climatique au coeur du débat. Sur le terrain politique, les thèses dénonçant l’échec du modèle actuel et appelant à la décroissance se multiplient tandis qu’en philosophie, de nouveaux concepts se popularisent tels que la collapsologie, l’écosophie, …
Les grèves étudiantes favorisent enfin le questionnement et la recherche de solutions chez les étudiants qui prennent conscience que le changement auquel ils aspirent doit commencer inévitablement par des efforts de chacun au quotidien.