Annoncée en septembre 2018, la réforme a été votée en mars 2019 et devrait être mise en application sur 2019-2020.
La réforme des études de santé, késako ?
Ce n’est pas un secret, les études de médecines font partie des filières les plus sélectives de l’enseignement supérieur avec un taux de réussite de la PACES (première année commune aux études de santé) de 10% environ.
En cause ? Le controversé numerus clausus, instauré après mai 68 et qui limite chaque année le nombre d’étudiants qui peuvent passer en deuxième année, quelque soit la filière (maïeutique, dentaire, pharmacie ou médecine).
C’est entre autres à ce numerus clausus que le gouvernement a promis de s’attaquer avec sa réforme des études de santé qui s’intègre au plan santé 2022.
Jusque-là comment ça fonctionnait ?
Pour l’instant, les aspirants aux études de médecine intègrent la fac à la sortie de leur bac. Leur hantise pour l’année à venir va alors être ce nombre fatidique, le numerus clausus, seuil limite dans le classement pour passer du premier coup en deuxième année.
Pour ceux qui n’ont pas la chance de passer primant, une nouvelle année de PACES s’annonce. En cas d’échec de cette deuxième tentative, l’étudiant est réorienté vers une licence qu’il peut généralement intégrer directement en L2. Le numérus clausus évolue d’une année sur l’autre, dépend des académies et surtout de la filière souhaitée.
Mais alors qu’est-ce qui change ?
La réforme s’articule autour de plusieurs axes qui vont révolutionner le fonctionnement et la structure des études.
La fin du redoublement de la PACES
Un premier axe de la réforme est l’interdiction du redoublement qui se met en place dans de plus en plus d’universités. Déjà en vigueur à Paris ou Angers, cette mesure est censée entrer en vigueur à Lille à la rentrée 2019.
La PACES repensée, ou Pluripass est la mesure phare de cette réforme. Cette nouvelle initiative a pour mission d’endiguer le phénomène de redoublement inutile. En effet, les étudiants n’ayant pas obtenu la moyenne devront s’inscrire dans une licence complètement différente. Ceux qui n’auront pas obtenu une moyenne suffisante pour passer en L2 devront rejoindre une autre licence proposée par leur université.
Ce projet s’inscrit dans une restructuration des voies d’accès aux études de santé. A l’issue de la réforme, les bacheliers pourront entrer en médecine par deux biais différents. Ces deux filières inédites devraient, à terme, remplacer la PACES.
En premier lieu, le “portail santé” qui correspond à une année de licence mais ne permet pas le redoublement. Cette nouvelle première année aurait des cours similaires à ceux de la PACES mais incluerait d’autres matières. Cette addition permettrait aux étudiants de se retourner en cas d’échec de leur formation de médecine. Les étudiants valideraient cette année de licence par de simples partiels. Leur admission en deuxième année de médecine serait ensuite soumise à une épreuve écrite et à des oraux de motivation. Ces oraux permettraient d’évaluer les compétences morales et humaines des candidats.
Dans un second temps, une mineure santé qui complèterait le cursus principal des étudiants. Les étudiants inscrits cette mineure suivront des cours liés à la médecine, en plus de leurs cours de licence. La mineure santé peut être un complément à toute sorte de licence (droit, économie…). Comme pour le portail santé, les étudiants pourront intégrer la deuxième année de médecine au bout de 2 ou 3 ans de licence.
L’objectif de cette “mineure santé” est de diversifier les profils des étudiants en médecine.
Vers une fin du numerus clausus?
Parler de la fin du numerus clausus serait prématuré. En effet, la réforme vise plutôt à accorder aux universités le droit de fixer leur propre numerus. Elles disposeront d’une fourchette assez large qui leur permettra d’estimer au mieux le numerus. L’idée est d’adapter le nombre d’étudiants admis aux besoins régionaux et départementaux.
De plus, les étudiants qui n’auraient pas eu des notes suffisantes pour être dans le numérus mais qui auraient un niveau jugé acceptable pourraient être repêchés.
La fin des épreuves nationales classantes (ECN)
Pour l’instant, en 6ème année, les étudiants en médecine passent les ECN pour accéder à l’externat. Ces épreuves, sources de stress pour eux déterminent la spécialité qu’ils pourront prendre pour leurs dernières années.
La réforme entend supprimer ces épreuves. A leur place, un nouvel examen des connaissances sera mis en place en 5ème année. En 6ème année, un autre examen servira à évaluer les capacités cliniques et relationnelles des candidats. Ces deux examens, associés à l’analyse du parcours des stages réalisés par l’étudiant, serviront à déterminer la spécialité de celui-ci.