Nos pédagogies à l’épreuve du confinement

Lundi 16 mars : le top départ est donné ! Les cours à distance démarrent sur les chapeaux de roue dans le doux désordre des problèmes de connexion, des saturations de plateformes et des défaillances de l’ENT. Mais ce 16 mars, ce n’est pas seulement le début d’une course d’endurance après la continuité pédagogique, c’est aussi un virage à cent quatre-vingts degrés pour le monde de l’enseignement et des pratiques pédagogiques qui en restera à jamais transformé.

Alors comment le confinement va-t-il faire évoluer nos méthodes pédagogiques ?

Mettre l’accent sur l’autonomie

Un mois après le début du confinement, pour les enseignants, l’heure est au bilan et au questionnement. Le « cours visio » magistral, facilement mis en place sur des plateformes telles que Skype ou Zoom, ne semble pas doté d’une efficacité redoutable auprès de jeunes souvent démotivés et peu enthousiastes, dont il est d’autant plus difficile d’attirer l’attention que le contact visuel est impossible. Au contraire, les approches pédagogiques innovantes centrées sur l’autonomie et la mise en activité de l’élève semblent plus à même de les sortir de leur léthargie de confinement à travers un travail collaboratif plus stimulant. L’attention se tourne alors vers les professeurs qui ont pratiqué le modèle de la « classe inversée » qui paraissent avoir une longueur d’avance dans la gestion de cette crise de l’enseignement.

Qu’est-ce que la classe inversée ?

La classe inversée est une démarche pédagogique originale consistant en une inversion spatiale et temporelle de la classe traditionnelle. La partie magistrale du cours où l’enseignant déverse son savoir à ses élèves, est déplacée à la maison, afin d’utiliser le temps de classe ainsi libéré, pour des travaux collaboratifs qui mettent les élèves en activité.

Le parcours d’apprentissage se déroule généralement en trois étapes plus ou moins distinctes selon les applications :

  • Une phase d’assimilation des connaissances : à la maison, l’élève devra consulter, en autonomie, des ressources pédagogiques que l’enseignant mettra à sa disposition. La nature et le contenu des documents sont très variables : séquences filmées de l’enseignant, capsules vidéo, documents à lire, diaporamas, sites internet à consulter, extraits de documentaires sur le sujet…
  • Une vérification de l’assimilation des connaissances : cela peut prendre la forme d’un questionnaire en ligne à faire chez soi ou en classe en début de cours. L’enseignant dispose ainsi d’une vision d’ensemble précise de la compréhension par ses élèves des notions qu’il a voulu transmettre.
  • Une mise en pratique des connaissance acquises : en classe, le professeur accompagne ses élèves dans des activités d’approfondissement sous forme de travail en équipe. Il peut s’agir aussi bien d’exercices et de problèmes à résoudre que d’une étude collaborative de documents en vue d’une production écrite ou la réalisation d’une tâche complexe.

Qu’est-ce que cela apporte aux élèves ?

La classe inversée permet tout d’abord de recentrer l’apprentissage autour de l’élève pour le responsabiliser et lui donner les moyens d’acquérir plus d’autonomie. Durant la première phase d’assimilation des connaissances, chaque élève peut parcourir à son rythme les ressources proposées par l’enseignant pour se les approprier. Par la suite, lors des travaux de groupe, le professeur pourra aller échanger individuellement avec chaque élève afin de répondre à ses questions et l’orienter dans ses recherches sans perturber le déroulement de la classe. Dans le même temps, les jeunes auront l’occasion de s’entraider et d’apprendre les uns des autres. Enfin, la classe inversée, c’est avant tout un moyen de rendre le cours plus vivant et plus agréable pour l’élève qui est activement impliqué dans le travail qu’il réalise.

Et en temps de confinement ?

En temps de confinement, le modèle de la classe inversée propose une manière pertinente d’utiliser les nouvelles technologies au service de la pédagogie. Alors que les élèves ont vécu une rupture brutale des liens avec leurs enseignants et leurs camarades de classe, les travaux collaboratifs à distance permettent aux jeunes de renouer le lien social entre eux. Le rôle du professeur, qui devient en quelques sortes un guide d’apprentissage, semble aussi plus adapté à cette période difficile qu’est le confinement où les jeunes ont besoin d’être écoutés et accompagnés.

Enfin, parce qu’il a pour seule limite l’imagination débordante des enseignants qui le pratiquent, le modèle de la classe inversée se réinvente tous les jours et sous n’importe quelle forme !

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